Je ne pense pas faire
exception en vous disant que Noël me met toujours une pression
d'enfer.
Déjà, la famille : tout
ce beau monde rassemblé sous le même toit, dans la même pièce,
autour de la même table. Un scénario de film d'horreur. Sauf que je
suis joueuse, alors cette année j'ai trouvé le moyen de rassembler
ma famille et celle de mon homme. Oui, j'aime bien me faire des
petites blagounettes.
Ensuite, les cadeaux : se
tordre les méninges pour déterminer ce qui plaira à qui, déjà,
en soi, c'est looooooin d'être évident. Sauf que je suis joueuse,
l'idée étant de faire plaisir sans faire de mal à la planète, aux
droits du travail, aux petits enfants thaïlandais et aux
orangs-outans, en privilégiant les circuits courts et le fait-main.
Donc, on oublie tout de suite Amazon & co, les grandes surfaces,
et toutes ces autres facilités notre société. Le risque étant de
se retrouver avec un cadeau qui remplie toutes les conditions
mentionnées ci-dessus, exceptée une : plaire à celui qui le
recevra.
Je ne m'attarderai pas
sur les cadeaux reçus, de plus ou moins mauvais goût.
Rien qu'avec ces deux
éléments, j'ai de quoi faire une poussée d'eczéma. Sauf que je suis
joueuse (n'est-ce pas?), alors puisque j'avais l'occasion de
séquestrer tout ce beau monde autour d'un repas conçu de A à Z par
mes soins le 25 décembre, je voulais leur faire subir un Noël
Végétarien.
Rien que ça. A cette
bande de viandards.
Pas que je sois moi-même
végétarienne, au contraire. J'aime la viande, mais en quantité
raisonnable, genre une fois par semaine. Et pas du steak haché coupé
au soja, hein. Non, non, non! Je vous parlerai une autre fois de vie
en autonomie, mais pour faire court, on mange de la viande Nature &
Progrès (plus bio que bio) que Beau-Papa produit lui-même. Cette
idée était donc plutôt une manière de leur montrer qu'il est tout
à fait possible de faire un repas copieux, avec des mets rafinés,
sans gavage, pour nous comme pour la volaille.
Au menu était donc prévu
:
- velouté de panais aux noisettes
- seitan farci aux châtaignes et aux cèpes
- pommes de terres, pâtissons et carottes rôtis aux épices
- plateau de fromage (j'ai dit végétarien, pas végan!)
- amandin (un énoooorme gâteau aux amandes et à la crème au beurre)
En plus, Madre avait fait des oreillettes...
Tout ce beau monde allait
se remplir la pense le 24 au soir (c'est Belle-Maman qui cuisinait),
fallait tout de même pas les achever avec une dinde!
"Une dinde! Oh oui,
si tu faisais une dinde?", me dit mon père quelques jours
auparavant.
"Le chapon de l'an
dernier était excellent", ajoute ma mère.
La pression monte.
Le 24 je prépare
l'amandin, je continue de stresser. On sort de table en roulant à
minuit passé. On m'attend au tournant pour le lendemain : ma famille
parce que c'est la première fois que je les reçois, ma belle
famille parce que c'est la première fois que je les reçois... Bref.
Le 25 au matin : pas
moyen de trouver des panais dans le jardin. J'étais persuadée qu'on
en avait semé!!!! Se voulant rassurant, l'homme m'indique qu'il
reste assez de foie gras pour tout le monde, avec une belle salade,
ça devrait aller.
Patatras! Plutôt que de
chercher une autre idée, végétarienne, cela va sans dire, je cède.
Et l'angoisse monte encore plus. Ils vont se foutre de moi avec mon
seitan. Ils vont me réclamer un vrai repas (je les ai vus se
resservir du rôti de veau trois fois la veille!). Je vais me taper la
honte. Et si en plus mon seitan ne prend pas. S'ils n'aiment pas
ça...
Et voilà comment je me
suis totalement dégonflée. Heureusement je n'avais annoncé le menu
qu'à l'homme...
Quelques pigeons que
j'avais au congélateur, des cèpes, de la pâte feuilletée prête
en un tournemain (j'ai une recette magique), de la crème fraîche et
voilà qu'après le foie gras je leur sert deux énormes tourtes au
pigeon et aux cèpes. Pas du tout végétariennes donc.
Cette recette est une
tuerie (je vous la donnerai à l'occasion), donc mon repas a fait
l'unanimité. Ovation pour la crème au beurre. Belle-Maman m'a
demandé ma recette de pâte feuilletée, Tata celle de la tourte
dans sa globalité, mon frangin a découvert je que savais cuisiner,
Madre est fière de son bébé, toussa toussa.
Un succès.
Sauf que je me suis
dégonflée. Et ça, j'ai encore plus de mal à le digérer que la
bûche du 24.
Déjà que résister à
la pression sur ce que doit être le contenu de notre assiette, qui
plus est une assiette de fêtes, n'est pas des plus aisé, chambouler
les traditions familiales a été au-dessus de mes forces.
Bon, je n'ai pas dit mon
dernier mot, hein! Je compte bien retenter le coup, mais peut-être
sur un repas moins significatif.
Je les aurai!
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